Un programme original et ambitieux

A ce jour, le programme STORM a permis d’instrumenter près de 100 tortues marines, relâchées en différents points du bassin sud-ouest de l’océan Indien, entre janvier 2019 et avril 2022. Les données collectées par ces animaux doivent permettre de mieux comprendre l’influence de l’océan sur les phénomènes météorologiques extrêmes, dans une région où la variabilité atmosphérique intra-saisonnière et l’activité cyclonique sont parmi les plus importantes de la planète, tout en étudiant précisément l’écologie des 5 espèces de tortues marines qui peuplent ce bassin.

Les Objectifs

Améliorer les prévisions cycloniques dans l’océan Indien tropical

Mieux comprendre les interactions entre milieu océanique et phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes

Mieux comprendre le comportement et l’écologie spatiale et thermale des tortues marines afin de renforcer leur préservation

Premières expérimentations depuis La Réunion (2019-2020)

Après avoir été recueillies et soignées par KELONIA, une dizaine de tortues caouannes et olivâtres victimes de captures accidentelles, ont été remises en liberté au fil de l’eau depuis La Réunion entre janvier 2019 et juin 2020, après avoir été équipées de balises Argos dotées de capteurs de température et de pression. Cette première phase expérimentale, essentiellement exploratoire, a confirmé la capacité des tortues marines à traverser tout l’océan Indien pour rejoindre leurs plages de ponte le long des côtes du Sultanat d’Oman (Caouannes) ou d’Afrique du Sud (Olivâtres), tout en collectant et en transmettant en temps réel, des données environnementales à haute fréquence spatio-temporelle.

Forts de cette première expérience, une deuxième campagne de mesure a été, de nouveau, réalisée depuis La Réunion, avec pour objectif d’évaluer plus précisément la capacité des animaux à échantillonner l’environnement océanique des cyclones tropicaux se développant dans le bassin, mais également de préparer l’extension du programme à l’ensemble du bassin du sud ouest de l’océan Indien. Entre novembre 2020 et avril 2021, 12 nouvelles tortues caouannes ont ainsi été équipées et relâchées toutes les 2 à 3 semaines selon un calendrier pré-défini.

Des tortues à proximité de cyclones tropicaux...

En avril 2019, la tortue caouanne « BRICE » a été piégée pendant plusieurs jours dans la cyclogenèse du cyclone tropical Kenneth. Puis, en mars 2020, ce sont les tortues caouannes « TOM » (en jaune) et « INDIA » (en vert) qui ont évolué à proximité immédiate du cyclone tropical « Herold » pendant sa phase d’intensification au nord-est de Madagascar. « INDIA » est resté bloqué pendant plusieurs jours à 10-50 km du centre de la tempête, tandis que « TOM » a évolué à quelques centaines de km à l’est du cyclone. Ces tortues marines ont ainsi permis de recueillir des mesures océaniques fiables, dans des conditions nuageuses préjudiciables aux mesures par satellites (Bousquet et al. 2020, 2021).

Extension à l'ensemble du bassin SOOI (2021-2022)

La campagne de mesures intensives du programme STORM, qui constitue à ce jour le coeur du programme, a débuté en novembre 2021. A cette occasion, plusieurs dizaines de balises ont été déployées depuis  différents sites situés à La Réunion, aux Comores (Moheli), aux Seychelles (Aldabra), en Afrique du Sud (iSimangalso), au Mozambique (Ponta di Ouro) et sur les îles Eparses de Tromelin et Europa. Cinq espèces de tortues marines (caouannes, luths, vertes, imbriquées et olivâtres) ont été équipées à différents stades du cycle de vie afin d’échantillonner aussi précisément que possible la structure du sud-ouest  de l’océan Indien pendant la saison cyclonique 2021-2022, mais aussi de fournir de nouvelles informations sur le comportement des animaux, en particulier dans le Canal du Mozambique. Avec près de 80 animaux équipés en 6 mois, cette campagne de mesure, fruit d’un partenariat unique entre une vingtaine de centres de recherches et de réserves marines, est à ce jour la plus ambitieuse jamais réalisée dans le monde. 

L'intérêt Des Tortues Marines

Capables de parcourir plusieurs milliers de kilomètres et de traverser des océans entiers en quelques mois, les tortues marines font partie des grands migrateurs. Avec des comportements de plongée différents selon les espèces, jusqu’à plusieurs centaines de mètres de profondeur sous la surface, elles sont particulièrement adaptées pour collecter des données océanographiques spatialement explicites, notamment dans la couche de mélange (30-100 m) des océans tropicaux.  La profondeur de cette couche et de la thermocline ont des répercussions importantes sur la mousson d’été indienne et l’activité des cyclones tropicaux.

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